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Les moujiks, de Romain Mielcarek, de l’espionnage, oui, mais pas un roman

Publié le 3 mars 2025 ...

#géopolitique

Avec « Les Moujks », l’auteur nous emmène pour un long voyage où nous allons — en sa compagnie — côtoyer, manger, boire avec des espions. Cette relation va durer dix ans ! Ce livre se lit comme un roman, même si ce n’en est pas un. C’est juste une histoire vraie.

GRU, késako ?

Dans ce livre[1], Romain Mielcarek va nous aider à comprendre jusqu’à la psychologie d’espions venus du froid. Il ne sera pas question du FSB, l’ancien KGB (plutôt au centre du livre de Régis Genté, « notre homme à Washington »). Ici, place à la GRU (services secrets des forces armées de Russie). L’espion qui s’intéresse à Romain en fait partie. L’auteur nous décrit ses membres comme des militaires « imprégnés d’une culture parfois brutale, de bourrins nés dans les provinces russes les plus éloignées de Moscou et Saint-Pétersbourg. Des moujiks ». Derrière le terme de moujik, il y a donc des espions, certes, mais surtout « des durs et non de vrais diplomates »…


[1]  « Les Moujiks » publiés par Harper Collins en poche. Paru en 2024 dans une version augmentée

Sergueï, le contact

Le livre s’ouvre sur la première rencontre entre Romain et Sergueï. Celui-ci, d’emblée, ne cache pas travailler pour l’ambassade de Russie à Paris. Son intérêt pour Romain Mielcarek, à l’entendre, s’expliquerait seulement par la volonté « d’être en quête de contacts à Paris… de découvrir la France, de comprendre, d’améliorer son français »…

Romain, même s’il est alors un jeune journaliste, n’est pas dupe. Par contre, il imagine que ce « diplomate russe, militaire qui plus est, peut se révéler précieux pour obtenir de l’information ou faciliter des reportages ». Ainsi, démarre une relation qui va durer 10 ans, chacun des deux protagonistes imaginant pouvoir en tirer quelque avantage.

Espions français

Trois mois après son premier contact avec Sergueï, Romain a un autre contact, pas étonnant, puisque c’est un agent de la DCRI, la direction centrale du renseignement intérieur, qui deviendra plus tard la DGSI. On est à Saint-Germain, le contact se prénomme Henri et il souhaite, lui aussi, rencontrer Romain régulièrement pour qu’il « lui raconte ses entretiens avec Sergueï » ! Je ne vous en dirai pas plus sur la relation que va entretenir l’auteur avec les services français. Vous le découvrirez en lisant ce livre. Par contre, Henri ne sera pas son seul contact au sein des services français. C’est l’occasion d’avoir le regard que pose Romain Mielcarek sur la stratégie française vis-à-vis des espions russes ; un regard factuel et intéressant, y compris sur les moyens que se donne la France pour agir, sur les trajectoires de ses interlocuteurs…

Troisième coup de fil

Le temps a passé et la première version de ce livre est en librairie. La Russie va alors se rappeler à Romain. C’est l’intérêt de cette deuxième version, augmentée, puisque nous allons connaitre la réaction russe à la publication de l’enquête menée durant dix ans et au cœur de laquelle évolue un espion russe.

L’auteur, reçoit donc un nouvel appel, mais pas de Sergueï de la GRU. C’est un autre employé de la même ambassade. Romain Mielcarek  n’en croit pas ses oreilles : son enquête au long cours est qualifiée, par son interlocuteur de roman ! Le dialogue est savoureux et, au passage, c’est l’occasion pour l’auteur de nous présenter une dernière stratégie russe, les 4 D.

D pour discréditer,

D pour déformer,

D pour distraire

et, enfin, un dernier D, moins anodin : D pour dissuader !