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Avec la Covid, nous soignants, on nous a à nouveau écouté

Publié le 13 novembre 2021 ...

#Comprendre #Organisation #RH

Céline est infirmière, Jacques cadre de santé, Simon aide-soignant... Amis, voisins ou figurant parmi mes ‘‘élèves’’, je les ai vus résister. Ils ont aidé l’hôpital à tenir bon face aux vagues venant déborder ses services. Aujourd’hui, c’est presque avec nostalgie qu’ils évoquent ces durs moments. Écoutez-les.

Un professionnel de santé, commençons par rappeler que c’est une personne qui a acquis un savoir, des compétences afin de collaborer à des actions visant l’amélioration, le maintien de la santé leurs congénères.

Les budgets

Quand on propose cette définition à Céline, elle marque un temps d’arrêt, comme pour peser ses mots, avant de se redresser et de se lancer.

« Il y a deux ans, devant une telle formule, j’aurais certainement marqué de l’irritation avant de demander qu’elle soit complétée. A l’époque, j’aurais précisé que ce maintien ou cette amélioration de la santé d’un malade ou d’un blessé est soumise au respect d’un budget. Vous savez ces satanés budgets qui se matérialisent dans des tableaux excel et dans des interdictions de commander ce qui fait la base de nos métiers ».

Il n’est pas nécessaire de pousser Céline, pour expliquer ce « il y a deux ans ». En effet, parce que le pays regardait l’hôpital, des digues budgétaires ont sauté et quand cette infirmière expérimentée évoque ce moment clé, son visage s’éclaire d’un grand sourire. « C’est dur à dire, mais grâce à la Covid, nous n’avions plus à justifier de nos besoins quotidiens. On ne nous jetait plus le budget au visage. Soudain, il n’échappait à personne que ces besoins en matériel avaient une finalité simple, sauver des vies. Nous nous souvenions tous que l’hôpital est l’endroit où l’on soigne, où l’on fait tout pour guérir ».

La reconnaissance

Si Simon est fier depuis toujours de son « métier d’aide-soignant », pour lui aussi, il y a eu un avant et un pendant la pandémie. « L’hôpital est un lieu où la hiérarchie est pesante. Même si on ne nous le dit pas, on sent bien que nous nous situons assez bas dans la pyramide. On ne vit pas comme dans le système de caste indien,  mais quand même… on est assez transparent. Et puis la Covid a renversé la table. Soudain, nous formions une grande famille ou chacun était nécessaire au bon fonctionnement de l’ensemble. Et ça fait du bien de se sentir reconnu … ».

 

La peur de demain

Un cadre de santé coordonne les activités des équipes avec une double mission. Il va en effet assurer le suivi budgétaire (et administratif) d’un secteur. Dans le même temps il a pour mission d’optimiser le fonctionnement de ce secteur dont il a la charge. Une fonction, pas simple à occuper comme nous l’explique Jacques. « Même si les cadres de santé, comme moi, ont exercé avant, un métier en prise direct avec des patients, nos anciens collègues peuvent l’oublier assez vite. Nous représentons souvent ce qu’ils n’aiment pas, à savoir la contrainte budgétaire, et cette grossièreté qu’est l’optimisation ». Par contre le séisme qu’a été la montée de la pandémie et des flots de malades infectés a fait disparaitre cette image parfois fort négative. « Soudain, d’empêcheur de tourner en rond, je suis redevenu ce qui m’avait fait choisir ce métier, une ressource pour les autres. L’organisation des équipes n’a plus qu’un seul objectif, soigner, soigner, soigner. Par contre, pour demain, j’ai peur… ».