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David Besnard passionné de photo et de montagne à Chamonix (5/5)

Publié le 3 janvier 2024 ...

#Comprendre #Culture

Chamonix fait partie de ces lieux qui aimantent les ‘‘fous’’ de montagne pour y vivre leur passion. David Besnard est l’un de ces passionnés. Avec lui, j’ai découvert une autre manière de se glisser dans les replis de ces montagnes, à commencer par la voie Mallory-Porter. Ce n’était qu’un début…

De l’une de mes rencontres chamoniardes, j’ai ramené des souvenirs et une carte postale en noir et blanc. On y voit, en gros plan, l’aiguille du Midi, de nuit. Une étrange trace lumineuse atteint le sommet.

Cette trace emprunte la voie Mallory-Porter, une voie connue des alpinistes, puisque considérée comme étant difficile. Mais là, cela semble être la nuit … à un détail près.

Regardez bien l’image accompagnant le titre, dans sa partie droite, celle prise de nuit

Pour aller plus loin, place à David Besnard, lequel avec deux amis et collègues ont rêvé d’aborder différemment « la » Mallory-Porter et de partager tout aussi différemment cette ascension.

Ajoutez à cela le fait que David est photographe et il y a un projet un peu fou qui nait. « Je voulais une photo complètement différente d’une ascension de nuit de cette voie. Je l’imaginais éclairée… Éclairée par les lampes frontales d’une cordée d’alpinistes. On a rêvé cela durant le confinement. Mais l’expédition était « hors normes » puisque le téléphérique pour l’aiguille du Midi était fermé comme le train de la Mer de Glace. Cela obligeait de monter à pied jusqu’au plan de l’aiguille équipé pour ce type de « balade ». Cette mise en jambe devait se faire en portant le matériel nécessaire pour l’ascension nocturne de la Mallory-Porter (notamment les chaussures d’alpinisme) et sans oublier les skis qui serviraient enfin à entamer la descente dans la vallée blanche.

Inutilement compliqué… Finalement, le projet sera reporté et se concrétisera en février 2023 avec, pour éclairer la voie, Victor Lapras et Guy Salvetti ».

David, photographe, mais pas que…

 David, pour le plus grand bonheur de celles et ceux qui le connaissent, cumule deux passions, l’amour de la montagne et un goût certain pour la photo, sans oublier un métier prenant, celui de « Sapeur-Pompier ».

« En fait, comme beaucoup dans la vallée, je ne suis pas né et n’ai pas grandi ici. Je suis originaire du Perche. J’ai appris à skier à Chamonix étant enfant et, plus tard, c’est un enchaînement d’événements qui m’a amené à poser mes valises entre les Houches et Chamonix. Après un master et une école de commerce, j’ai fait un service civique à Chambéry dans l’association « Mountain Riders » sur le développement durable en montagne. Il a fallu une action de nettoyage de la Mer de Glace pour que je découvre la haute montagne. Photographier la montagne m’a paru évident et allait m’animer au quotidien ? Aujourd’hui, avec le recul, je pense que j’ai bien fait de m’installer dans cette vallée » .

Quand il parle de cette vallée de Chamonix, un grand sourire anime le visage de David et ses yeux pétillent.

«  J’ai eu la possibilité d’y trouver un job et de mettre ma formation en marketing au service de ma passion pour la photo. Je ne me voyais pas travailler au sein d’un service marketing, mais être au contact de l’utilisateur final. Et là, c’est ce que je fais puisque j’utilise ce que j’ai appris durant ma formation pour vendre mes créations photographiques… et c’est motivant ».

« La » Mallory-Porter de nuit

Quand il me donne cette photo au format carte postale où apparait une trace lumineuse et sinueuse, David a les yeux pétillants de celui qui est sur le point de vous expliquer les dessous d’une expédition, ou le making-of d’un film.

« Le principe est simple, mais sa mise en œuvre l’est moins sans même parler des conditions météo. D’un côté, il y a deux alpinistes — Guy Salvetti et Victor Lapras — et amis. Ils vont éclairer cette voie tout au long de leur ascension, avec leurs frontales. De l’autre, il y a le photographe, moi, qui depuis un endroit stable vais surveiller le travail de mon appareil-photo, lequel doit rester parfaitement immobile.

L’image finale résulte de l’empilement de 370 photos prises du pied de la voie jusqu’à l’arrivée de la cordée au sommet. Au début de notre discussion, je parlais de balade de santé, mais pour les deux alpinistes qui ont permis d’éclairer cette voie, ce ne fut pas le cas ».

« D’abord, il faut réaliser que l’on est là devant une ascension nocturne et hivernale avec une température qui flirte avec les –25 °C. Cette ascension durera la nuit du 28 février 2023 au 1er mars, de 20 h 30 à 2 h 15… Pour vous donner une idée de la dureté de cette ascension, notez, par exemple que les chaussures des deux alpinistes sont équipées de semelles chauffantes et de chaufferettes ».

Mallory-Porter au son de l’harmonica

 Dans les histoires un peu démesurées, il y a toujours un petit truc, un élément qui laisse un souvenir amusé. Là, c’est un harmonica. Celui-ci ne quitte pas Victor. « Ainsi, quand au retour d’une course en montagne il approche de la buvette des Mottets que tient sa femme Cathy, il s’annonce en jouant quelques notes de musique. Son chien l’entend et part à sa rencontre. Nous, on sait qu’il arrivera dans une dizaine de minutes. Eh bien, dans cette ascension où Guy et Victor ont passé une bonne partie de la nuit, Victor a eu l’envie de sortir son instrument par deux fois ».

Au-delà de la Mallory-Porter

 Ce qui est intéressant avec les passionnés, c’est qu’après avoir exprimé le bonheur qu’ils ont eu à réaliser un projet qu’un instant de silence vous fait comprendre que, derrière, il y a autre chose.

Je découvrais ce que David avait réalisé avec ses deux amis, à la fois sous la forme d’un très grand tirage mural où une montagne sombre était balafrée d’une sinuosité blanche, qu’il évoquait déjà un autre projet, un projet avec un « P » majuscule.

« Pour nous, le projet, c’était juste de faire cette ascension illuminant une voie connue de nombreux alpinistes du monde entier. Nous y sommes arrivés et notre aventure humaine a donné naissance à une magnifique photographie. Alors si l’on a atteint notre objectif là, pourquoi pas d’autres voies, d’autres sommets ? Avec mes deux complices, mais, pourquoi ne pas faire dix ascensions… et de ces dix ascensions pourquoi ne pas faire un film ?

 Enfin, question ultime, pourquoi pas un livre pour faire partager nos aventures à d’autres publics en passant parfois derrière le rideau de scène ? Car, au-delà de ces géants figés, mais à l’assaut desquels monte une cordée lumineuse, il y a des hommes, des doutes et des dangers… »

Pompier au grand cœur

David est Sapeur-Pompier et c’est avec deux amis, également sapeurs-pompiers, qu’il a conçu un beau projet humain. Tout naturellement, il a eu envie que la réalisation de ce rêve apporte sa pierre à un monde parfois durement éprouvé en montagne.

« Sur chaque vente de cette carte, je me suis engagé à reverser 1 euro à l’œuvre des pupilles (ODP), une association à but non lucratif créée en 1926 et reconnue d’utilité publique en 1928 ».

« De plus, j’ai fait tirer 8 grands formats signés et numérotés du résultat photographique de cette ascension. Le bénéfice tiré de la vente d’un des exemplaires sera reversé à cette association.

L’ODP s’est fixé comme mission d’assurer la protection morale et matérielle des orphelins et des familles de Sapeurs-Pompiers décédés en service commandé ou non.

Elle vient également en aide aux orphelins et familles des personnels administratifs et techniques des services départementaux d’incendie et de secours et aux jeunes et anciens Sapeurs-Pompiers pouvant se trouver dans la difficulté ».

 

 

Pour aller plus loin dans la découverte des travaux photographiques de David, vous pouvez vous rendre sur son site internet, https://davidbesnard.fr/.