Le déclin du Hizmet en Europe…
Les purges lancées par RT Erdogan en 2016 ont permis l’éviction des Gülenistes de tous les rouages du pouvoir. Cette chasse aux membres du Hizmet s’accompagne de la confiscation de leurs biens propres comme de ceux appartenant au mouvement.
Concrètement, cela signifie la fermeture d’écoles et d’universités gülenistes. Les médias, entreprises et holdings coupables de gülenisme, ou simplement de sympathie à son égard, sont fermées et leurs fonds saisis.
Les membres de ces entités et leurs soutiens, quand ils ne sont pas emprisonnés ou en fuite, se retrouvent sans emploi et s’éloignent du mouvement, ce qui va faire fondre les ressources du Hizmet.
Le coup de grâce viendra de la création par le pouvoir turc, d’une fondation — Maarif — qui sera chargée, y compris en Europe de reprendre les actifs de la branche éducation du Hizmet.
En 2022, la Turquie continue à pourchasser en Europe les militants du Hizmet. Nous en trouvons la preuve jusque dans la négociation d’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN. La Turquie, qui se faisait tirer l’oreille pour accepter cette adhésion[1], a monnayé son accord à l’extradition de terroristes de ces deux pays. Au-delà de membres et soutiens présumés du PKK, la liste de ces terroristes fournie par Ankara comprenait également des personnes proches du mouvement Hizmet. Aux marges de l’UE, la Turquie fait pression sur certains pays comme l’Albanie pour obtenir leur coopération dans ses actions de répression contre les membres du mouvement de F. Gülen et pour fermer les écoles créées par le Hizmet… Toutes les opportunités sont donc à saisir pour l’éliminer.
… et en Afrique
Ailleurs en Afrique, la reprise en main, par le gouvernement turc, via Maarif, des écoles se fait au gré des coopérations — et notamment des accords de coopération éducative — nouées entre pays d’Afrique et Turquie. Ainsi, au Sénégal, dès 2018, la totalité des écoles concernées a été reprise par Maarif. Idem au Cameroun, en Guinée équatoriale ou au Niger. Le réseau d’affaires güleniste Tuskon se voit progressivement supplanté par un autre proche de l’AKP, Müsiac. Certains pays résistent à cet effort visant à effacer le Hizmet de la scène économique et éducative africaine.
À ce jour, la confrérie créée par Fethullah Gülen est mondialement et durablement affaiblie et nombre de ses canaux de financement sont à ce jour taris… Son créateur, âgé de 81 ans, aura-t-il l’envie de relancer son mouvement ? Nul ne semble en mesure de le croire.